La dernière animation du programme automne du Pays d’art et d’histoire aura lieu le samedi 2 décembre à 14h30 à La Bastide-sur-l’Hers. Il s’agit d’une conférence de Bruno Evans, enseignant en collège et à l’université de Toulouse-Jean Jaurès.
Révocation de l’Édit de Nantes fut-elle un drame pour les protestants du pays d’Olmes ?
Depuis le XVIème siècle, il existait en pays d’Olmes une communauté protestante, certes, faible à l’échelle régionale, mais relativement importante à l’échelle locale. Les seigneurs de Lévis-Léran furent parmi les meneurs du protestantisme en terre d’Ariège.
Sur leur territoire, le principal centre réformé était La-Bastide-de-Congoust qui comptait 327 huguenots sur 363 habitants en 1683. La majorité de ces réformés, comme ceux des villages environnants, se consacraient aux activités industrielles du jais et du peigne en particulier. L’édit de Fontainebleau entraîna le retour au catholicisme de la famille de LévisLéran.
Quelques réformés, peu nombreux, choisirent le chemin de l’exil : le pasteur, Abel de Ligonnier, l’ancien notaire, Pierre de Pena, ainsi que dix à vingt autres personnes. La majorité fit le choix de se convertir officiellement au catholicisme. Cette conversion, comme en bien d’autres lieux, n’était que de façade. Les nouveaux convertis continuèrent à pratiquer leur religion quasi ouvertement sans n’avoir presque jamais été inquiétés.
Dès 1709, Jean Bourrel, bourgeois du Peyrat, notait 15 au dos de l’acte d’achat d’une bâtisse : « maison d’oraison ». Les protestants restèrent aussi fidèles au travail du peigne et du jais. Cette dernière activité connut son apogée au milieu du XVIIIème siècle avec plus de 500 000 livres d’exportation. Cet apogée s’accompagna d’une montée en gamme qui vit la création d’une « jurande des orfèvres de Chalabre, Sainte Colombe et Le Peyrat » dont le juré-garde, Jean-Baptiste-Gaston Cailhau, n’était autre qu’un des principaux protestants du lieu !
Deux raisons principales paraissent avoir permis la continuité du protestantisme en pays d’Olmes. D’une part, la famille de Lévis protégea ses anciens coreligionnaires dont certains résidaient même en son château en 1715. D’autre part, comme nous le révèle le testament de Samuel Cailhau, important négociant du Peyrat, les protestants du pays d’Olmes ont choisi la voie de la fidélité au roi de France.
Cela nous amène à conclure qu’il exista probablement un accord tacite de tolérance avec les autorités.
RDV : Salle polyvalente. Tarif : 3€
Pays d’Art et d’histoire des Pyrénées Cathares