Dans la continuité de l’occupation du théâtre de l’Odéon et des 55 lieux culturels occupés en France à ce jour, les structures culturelles s’associent à ces occupations en menant une action le samedi 20 mars partout en France à partir de 15h00.
Ainsi en Ariège, Le Relais de Poche à Verniolle, Act’en Scène à Castelnau Durban, Ax Animation à Ax les Thermes, Le Fonds de la Coste à Roquefixade et Arlésie à Daumazan invitent aux retrouvailles et à l’échange toutes les personnes qui veulent faire entendre leur voix, devant leurs lieux respectifs.
5 minutes, une heure ou deux, le tout est de manifester son soutien aux artistes et aux lieux de représentations.
Des impromptus artistiques auront également lieu lors de ces rassemblements.
Au delà de la réouverture des salles de spectacles et autres lieux culturels, au delà de la reprise du travail pour les artistes et technicien·nes, il est demandé entre autre, le retrait pur et simple de la réforme de l’assurance chômage, la prise en compte des intermittents de l’emploi (saisonniers, etc…) et la prolongation des droits à l’assurance pour les travailleurs et travailleuses du spectacle vivant au delà du 31 août 2021.
« Le printemps est inexorable » et samedi sera le printemps.
MANIFESTE POUR LA REOUVERTURE DES LIEUX CULTURELS
Nous, acteurs culturels, artistes, citoyens, sommes des individus responsables et conscients de la situation sanitaire. Nous respectons strictement les protocoles qui nous sont imposés depuis juin dernier et sommes particulièrement attentifs à l’application de ces mesures pour éviter toute mise en danger des professionnels et des publics. Pour preuve, de nombreuses études menées en Allemagne, en Espagne, en Italie démontrent qu’aucun « cluster » n’est à déplorer dans un lieu culturel.
Dans ces conditions, pourquoi empêcher la rencontre et le partage entre artistes et spectateurs (jeunes ou moins jeunes) autour d’une œuvre artistique ?
Nous ne comprenons pas la logique du gouvernement, qui à la fois permet les concentrations dans les lieux de consommation, les transports en commun, les lieux de culte et interdit l’ouverture des lieux de culture et des universités.
Nous affirmons que cette situation est construite sur une démarche idéologique, par un gouvernement qui, consciemment, met de côté le monde de la culture. Gouvernement qui ne sait raisonner qu’en termes comptables, et qui sanctionne un secteur dont il connaît l’esprit critique et dont il se méfie.
Au-delà des difficultés économiques et de l’extrême précarité dans laquelle sont plongés des centaines d’acteurs culturels dans l’impossibilité d’exercer leur métier, nous pointons une dimension politique et philosophique : ces restrictions portent atteinte à l’accessibilité à la culture et à la liberté d’expression. Or la culture est un bien commun, elle permet la rencontre, le débat, la confrontation. La culture est nécessaire à la vie démocratique.
Cette crise sanitaire fragmente les imaginaires, crée des bulles virtuelles à travers les écrans de toute sorte où chacun s’isole, et nous porte à des visions binaires de la réalité. Nous affirmons qu’il est urgent et essentiel de proposer des alternatives poétiques mais aussi divertissantes. Nous soutenons que les œuvres jouées ou exposées par les artistes en présence des spectateurs ont un caractère irremplaçable car elles créent un lien sensible en proposant l’accès à d’autres réalités par le biais de l’émotion et de la réflexion.
La décision arbitraire d’interdire tout rassemblement et de fermer les théâtres, les cinémas et les musées constitue une restriction sans précédent de l’accès à la culture, à l’imaginaire, au monde artistique. Il nous semble essentiel de se battre pour remplir de nouveau nos vies de rêves, de désirs et d’utopies.
Pour cela :
- Nous demandons la réouverture des lieux culturels (cinémas, musées, théâtres, salles de concert et centres culturels) avec des protocoles adaptés aux spécificités territoriales.
- Nous demandons la réouverture de « la rue » et des espaces publics comme lieux d’expressions artistiques et citoyennes.
- Nous demandons un accès priorisé aux lieux culturels sur le temps scolaire pour le jeune public, les futurs spectateurs, afin de rompre leur isolement intellectuel.
- Nous demandons la réouverture des lieux de pratiques artistiques, en particulier en direction des jeunes pour leur permettre de continuer à rêver, à se former et à devenir les acteurs culturels de demain.
- Nous demandons la prolongation de l’année blanche pour les intermittents du spectacle.
- Nous demandons la mise en place de dispositifs de soutien élargis à tous les autres précaires travaillant au régime général, les indépendants, les jeunes travailleurs, les temps partiels… qui ne bénéficient d’aucune considération, alors qu’ils appartiennent pourtant au même secteur professionnel.
- Nous demandons une attention particulière de l’Etat pour adapter les aides financières aux situations des structures, et ce avec une visibilité d’au moins un an supplémentaire.
- Nous demandons une aide renforcée aux acteurs culturels qui mettent en œuvre des facilités d’accès à la culture pour tous par des programmes d’actions culturelles et des politiques tarifaires adaptées aux spectateurs les plus démunis.Face à la crise sanitaire, nous avons dans un premier temps accepté, abasourdis, la fermeture de tous les lieux de culture. Si ce choix pouvait s’entendre à court terme et dans l’urgence, il est inacceptable dans la durée alors que dans le même temps, rien n’est fait pour imaginer le monde d’après, repenser les solidarités et les équilibres sociétaux, assurer les moyens d’un système de santé publique capable de faire face à des crises sanitaires de grande ampleur.En conclusion nous affirmons que l’espace public et les lieux de culture sont des lieux de réflexion et de création indispensables. Il est urgent de rouvrir ces espaces pour pouvoir mener des réflexions collectives afin d’imaginer la société de demain.Nous appelons le public à exiger l’ouverture des théâtres, musées, cinémas et salles de concert et à nous rejoindre dans des débats publics, devant les lieux culturels, pour se réapproprier nos maisons communes.Nous proposons la désobéissance nécessaire, l’action commune pour une défense forte du service public dans son ensemble.Nous défendons ce qui fait humanité.
Ce que nous défendons, nous le défendons pour toutes et tous.Le collectif des « Non essentiels »