Communiqué de presse de Bénédicte Taurine sur la situation du train de nuit Foix-Paris.
Par conviction, je défends les services publics, en particulier le train comme mode de transport à privilégier (plus écologique que l’avion). Par souci de cohérence, je l’utilise pour mes aller-retour entre l’Ariège et Paris. Ce n’est pas la première fois que je subis, comme les autres passagers, la stratégie délétère de pourrissement actuellement menée qui ne vise rien d’autre que la disparition de ce service.
Vendredi 14 juin, le train de nuit arrivant de Paris et devant aller jusqu’à Ax les Thermes s’est arrêté à Toulouse. Les passagers sont orientés vers le TER de 6h49. Je partageais le compartiment avec une dame handicapée qui avait donc besoin d’un fauteuil pour passer du train de nuit au TER.
Elle voyage seule, elle ne sait pas comment faire pour contacter quelqu’un, je lui propose de m’en occuper. Je suis donc allée à la voiture 7 pour demander à ce qu’elle soit prise en charge. En revenant à la voiture 17, une autre dame âgée ne pouvait pas porter ses bagages. Je me rends au service handicap et là : personne. J’essaie d’avoir quelqu’un à l’accueil, de nouveau personne. Il a fallu que je fasse deux fois le tour de la gare avant de trouver un agent. Il m’accompagne au bureau handicap pour effectivement constater qu’il n’y a personne. Il appelle quelqu’un et me dit que la dame devrait être prise en charge sans plus de précision. Il m’assure qu’elle ne restera pas bloquée dans le train ; il est déjà 6h30 et le TER part à 6h49.
Arrivée sur la voie du TER, je demande à un agent comment je peux vérifier que la personne handicapée est bien dans le train. Sans prendre le temps de s’arrêter, il me répond qu’il y a un service pour cela et que « normalement ça doit être fait ». Plutôt agacée, je monte dans le train puis je retourne le voir pour lui demander où se trouve le contrôleur. Je suis alors témoin d’une altercation avec un monsieur et l’agent qui lui parle de façon incorrecte. J’explique à l’agent que les passagers débarqués à Toulouse ont été informés qu’ils devaient prendre ce TER sauf qu’en réalité ce train ne va pas à La Tour De Carol mais qu’il a pour terminus Ax les Thermes, où il faut encore attendre une heure pour enfin avoir un train pour La Tour De Carol.
Le ton monte et l’agent dit au monsieur de ne pas lui « baver dessus » (postillonner était certainement plus approprié). Je m’interpose physiquement pour éviter que la situation ne dégénère. L’agent appelle la sécurité (qui n’est jamais venue) puis il tente de faire partir le train alors que nous sommes encore sur le quai. J’ouvre la porte après le coup de sifflet et j’explique au monsieur que ce train a pour terminus Ax les Thermes. L’agent m’accuse maintenant de bloquer le départ du train, je lui dis qu’il est fonctionnaire, donc au service des voyageurs, qu’il ne doit pas nous parler sur ce ton et être respectueux. Il me répond qu’il n’est pas fonctionnaire, ce à quoi je lui rétorque que c’est sans doute bien cela le problème. Finalement, le monsieur et moi-même sommes montés dans le train qui est parti à 6h50 au lieu de 6h49…
Une fois à bord, j’ai cherché un contrôleur, personne. J’ai donc appelé le numéro approprié 0800313131, je tombe sur un disque et après avoir entré plusieurs choix, j’apprends que le service n’ouvre à 7h! Je rappelle à 7h02 : toutes les lignes sont occupées! J’attends que quelqu’un finisse par répondre pour demander comment rejoindre La Tour de Carol et que je cherche un contrôleur mais que je n’en vois pas. Au téléphone, on m’assure qu’il y a au moins un contrôleur dans le train, ce qui est manifestement faux. Je demande comment joindre la direction de la gare pour signaler un problème, on me répond qu’il y faut remplir un formulaire en ligne.
Il n’est pas possible que les usagers soient traités de cette façon. Je dénonce donc une véritable stratégie de pourrissement qui, non seulement met les agents sous pression par manque d’information et par désorganisation du service public, mais surtout laisse les usagers démunis. C’est la même logique qui est à l’œuvre lorsque les trains ne figurent pas sur le site internet, qu’iln’y a personne à l’accueil de la gare, que ce sont aux passagers de s’organiser pour se renseigner, qu’il n’y a pas de déneigement des voies etc… Lorsque le service n’est plus rendu, la fréquentation baisse et la SNCF annonce que la ligne n’est pas rentable !
Pour la SNCF, nous ne sommes plus des usagers mais des clients, pour la Ministre des transports avec qui j’ai évoqué le problème des trains de nuit, la solution passe par la privatisation. Lorsque je l’ai interpellée sur ces dysfonctionnements, elle m’a expliqué que la SNCF n’avait pas fait les investissements nécessaires, or l’État est actionnaire de la SNCF donc c’est bien l’État qui est responsable de la dégradation du service.
Nous devons défendre le service public et ses agents, c’est pour cela que je porterai cette voix au sein du groupe transpartisan à l’Assemblée qui travaille sur la question de défense des « petites lignes ».
Bénédicte TAURINE
Députée de l’Ariège – Groupe La France Insoumise
photo : Patrick Janicek – TER 61443 POUR LA SOUTERRAINE – flickr.com