La pharmacie de l’ancien hôpital de Pamiers, véritable patrimoine historique et architectural de la ville, est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis le 11 janvier 1989. Afin de mieux la préserver et de la mettre en valeur, il a été décidé de la transférer dans l’une des salles du Carmel, où elle pourra être admirée par le grand public à partir du mois de juin.
Ce projet de réinstallation s’est déroulé en plusieurs étapes. Dans un premier temps, afin de garantir la conservation optimale des éléments d’origine, les précieuses boiseries de la pharmacie ont été soigneusement déposées en décembre 2023. Cette opération délicate a été menée avec la plus grande attention afin d’éviter toute altération des structures historiques.
Dans un second temps, après une étude approfondie visant à choisir l’emplacement le plus adapté au sein du Carmel, les travaux d’aménagement de la salle destinée à accueillir la pharmacie ont débuté courant janvier 2025. Ces travaux incluent la restauration et la mise en valeur des éléments d’époque, afin d’offrir aux visiteurs une immersion dans l’histoire pharmaceutique locale et de préserver ce patrimoine exceptionnel pour les générations futures.
Un peu d’histoire
La pharmacie aurait été donnée à l’hôpital de Pamiers par le docteur Jean François Pilhes (1746-1832), diplômé de la faculté de médecine de Montpellier et issu de la bourgeoisie de Tarascon. Il est nommé médecin de la ville de Pamiers en 1774, puis devient médecin de l’hôpital en 1777. A partir de 1781, il est intendant des eaux d’Ax et d’Ussat, et rédige un traité analytique et pratique des eaux thermales d’Ax et d’Ussat. Les circonstances et la date à laquelle aurait été donnée la pharmacie restent méconnues.
Sur les plans de l’ancien hôpital de 1922, la pharmacie est localisée au rez-de-chaussée, entre le laboratoire et la sacristie de la chapelle qui a été détruite. Elle aurait été déplacée durant la première moitié du XXe siècle au premier étage de l’autre aile de l’édifice, où se trouve aujourd’hui la crèche familiale, probablement lors des travaux de modernisation de l’hôpital du milieu du XXe siècle.
De nombreux pots à pharmacie et instruments pharmaceutiques accompagnent les boiseries de la pharmarcie appaméenne. Parmi eux, on trouve deux pots datant du XVIIIe et XIXe siècle. Parmi eux le « vinaigre des quatre voleurs » préservatif de la peste et de toutes sortes de fièvres malignes.
Une belle légende
« vinaigre des quatre voleurs » préservatif de la peste et de toutes sortes de fièvres malignes.
L’histoire raconte que lors de l’épidémie de peste qui sévit à Toulouse des années 1628-1631, quatre brigands qui dévalisaient les maisons des pestiférés et détroussaient les cadavres furent arrêtés, sans être contaminés. « Il est ainsi dit, a cause que dans un temps de peste, a Toulouse quatre voleurs se meloint parmy les pestiferés et pilloint impunement dans les maisons infectes sans prendre le mal, lesquels voleurs ayant été pris et condamnés déclarerent le préservatif suivant ».
Gérard Bordier, conseiller municipal, dernier chef de service de la pharmacie de l’hôpital de Pamiers, en charge de la restauration de l’ancienne pharmacie du XVIIIème siècle.

« Il me tenait à coeur de la conserver, c’était bien évidemment une priorité pour moi. Je suis arrivé en 1996 à l’hôpital de Pamiers comme chef de service. J’ai travaillé dans cette pharmacie patrimoniale durant 4 ans. En 2000, il avait été envisagé de la réinstaller sur le site du CHIVA à Saint Jean de Verges. Cela n’a pu se faire. Elle fut donc donnée en l’état à la ville de Pamiers.
L’inventaire a été réalisé avec Emilie Papaix, notre archiviste, en réfléchissant à plusieurs sites pour cette nouvelle implantation. A la mairie en premier lieu, difficilement réalisable, puis à la Providence. Finalement, nous avons opté pour le Carmel. Avec l’accord et le concours de la DRAC, cela est devenu une évidence. Elle va donc être reconstituée à l’identique sur la même surface. Pour le sol, nous avons eu la possibilité de récuperer le plancher en « point de hongrie » qui se trouvait dans la salle du conseil d’administration de l’ancien hôpital. On remettra également la Sainte Vierge dans sa niche initiale.
Cette mise en valeur, bien que tardive, ravira, j’en suis sûr les Appaméens. Le patrimoine de la ville, une nouvelle fois sera mis en valeur».
Source : Mairie de Pamiers