REPORTAGE 🎥 En ce début d’été, nous vous proposons de vous conter l’Histoire terrible mais passionnante du camp de concentration de Vernet d’Ariège. En activité de février 1939 au juin 1944 ce ne sont pas moins de 40.000 personnes qui ont été détenues dans des conditions inhumaines. Cette histoire nous la déclinerons en plusieurs épisodes. Aujourd’hui, nous abordons l’histoire du Camp.
Un camp de concentration, c’est bien de cela qu’il s’agit et Raymond Cubells, président de l’amicale insiste bien sur le nom qu’on préfèrerait ne pas entendre, car ce terme a été utilisé dès l’ouverture du camp en février 1939 par l’administration de la Troisième République Française et les prisonniers.
En 1918, c’est un camp militaire qui sert de cantonnement aux troupes coloniales françaises. C’est en 1939 après la défaite de la République espagnole, que le Camp de concentration du Vernet d’Ariège a servi à interner les soldats de l’armée républicaine espagnole. Les premiers internés arrivent le 9 février.
Dans des conditions inhumaines, dormant dehors sous le froid et la neige sans presque rien à manger, c’est jusqu’à 15.000 personnes qui sont internés en juin 1939.
A partir du 3 septembre 1939, date de déclaration de guerre entre la France et l’Allemagne, ce camp de concentration passe sous contrôle du régime de Vichy et devient un camp répressif où sont enfermés « les étrangers indésirables » habitants sur le sol français. Citoyens allemands, communistes étrangers (Espagnols, Italiens, Yougoslaves,…) ainsi que tous les étrangers (Russes blancs, Juifs, Tsiganes) sont arrêtés sur le sol français et internés au camp du Vernet. Cela durera jusqu’à la fermeture du camp le 30 juin 1944.
Parallèlement, à partir de 1942, Le camp a servi de transit pour les juifs, notamment des enfants, raflés en Ariège et dans le Gers par l’administration de Vichy, avant leur déportation en Allemagne. Une liste de 46 enfants juifs déportés est consultable dans le wagon de la gare du Vernet.
Il n’y a pas lieu de faire régner, dans les camps de Gurs, d’Argelès, de Rivesaltes ou des Milles, une discipline aussi stricte qu’au Vernet où se trouvent des repris de justice et des extrémistes
Vichy. Ministère de l’Intérieur. Circulaire du 17 janvier 1941
Le 30 juin 1944, les derniers internés sont évacués en camion et en bus (pour les estropiés) jusqu’à Toulouse. Le 3 juillet ils seront déportés par le « Train Fantôme », qui mettra presque 2 mois pour arriver à destination : Dachau pour les hommes et Ravensbrück pour les femmes. Ils étaient au départ 407 internés mais deux se sont évadés et une femme et son enfant ont été rayés des listes, l’enfant n’ayant que 5 ans. Peut être un sursaut d’humanité explique Raymond Cubells.
Au total, ce sont 40.000 personnes de 79 nationalités qui ont été emprisonnées dans le camps et au moins 4679 prisonniers qui ont été déportés entre 1941 et 1944 vers les camps de Djelfa (Algérie), d’Aurigny (îles anglo-normandes), d’Auschwitz (Pologne), de Dachau (Allemagne)…
Aujourd’hui, seuls subsistent le château et les poteaux marquant l’entrée du camp, ainsi que les baraques des gardes devenues pavillons d’habitation, de l’autre côté de la Route Nationale 20.
Prochainement Raymond Cubells nous parlera de l’Amicale Des Anciens Internés Politiques et Résistants du Camp de Concentration du Vernet d’Ariège.
A suivre…