« Comme partout dans le pays, notre département est dans un état de grand stress hydrique depuis plusieurs semaines.
Le comité départemental sècheresse de l’Ariège s’est tenu le 20 juillet dernier pour décider des mesures de restrictions à prendre compte tenu de l’état des cours d’eau du département.
Pour évaluer les décisions à prendre notre association a fait le tour de nombreux ruisseaux et rivières du secteur piémont et basse Ariège qui ne bénéficient d’aucun soutien d’étiage. Nous avons relevé un grand état de faiblesse des petits cours d’eau et cela nous a amené à demander l’arrêt de tous prélèvements sur ces cours d’eau non réalimentés lors de cette réunion du 20 juillet.
Pour les cours d’eau bénéficiant des soutiens de compensation a partir des barrages existants, au cours de la réunion nous avons alors pris une position, qui peut paraitre étonnante sans explications sur le contexte venant d’une association de protection de l’environnement :
- l’état d’avancement des cultures (du maïs grain notamment qui représente 40 % des surfaces irriguées) montre que la campagne d’irrigation devrait prendre fin cette année avec 15 à 18 jours d’avance, soit vers le 5 août pour le maïs conso et entre le 18 ou 20 août pour le maïs semence et le soja (gros consommateurs d’eau eux aussi).
- l’état des stocks, en début de campagne, était au mieux. Au 15 juin, les barrages de Filhet, de Mondely, de Montbel et de haute montagne étaient pleins ou quasi pleins et ce, malgré un début de campagne d’irrigation exceptionnellement avancé au15 juin, soit avec 15 jours d’avance. Dans ces conditions, en tenant compte des avis des techniciens gérant les ouvrages, la possibilité à ce jour de passer la situation de crise hydrique des cultures sur les bassins versants réalimentés ( Ariège, Hers, Arize, Lèze) et de poursuivre le soutien d’étiage jusqu’au mois d’octobre paraît assurée .
C’est pourquoi nous avons donné, au plus grand étonnement de la profession agricole, notre accord sur le report de 10 jours des restrictions d’arrosages pour limiter la casse sur les cultures irriguées de ces bassins. C’est cette position qui a certainement décidé Madame la Préfète à modifier le contenu de l’arrêté sècheresse qu’elle avait préparé.
D’autre part, selon les professionnels présents, malgré la disponibilité de l’eau dans les barrages, malgré les matériels d’irrigation performants et l’utilisation maximum des stations de pompage, un effondrement des rendements est à prévoir sur les maïs grain avec, dans certains cas, des productions quasi nulles (maïs semence).
Ces constats confirment la nécessité de tirer les enseignements d’une situation climatique qui ne peut que se reproduire. Notre association a souligné que cela appelle à l’adaptation des choix de végétaux cultivés, des semis plus précoces, et du changement des pratiques culturales avec la généralisation des pratiques agro-écologiques et le soin des sols…
L’agriculture industrielle a opéré la destruction massive des fonctionnements naturels des sols et a généré sa propre perte en détruisant la capacité des sols agricoles à s’auto-régénérer et à retenir l’eau en son sein. La gestion de l’eau passe et passera toujours par les sols vivants, seuls capables de stocker l’eau massivement à l’abri de la chaleur et de l’évaporation.
Voilà les raisons de la position que notre association APRA « le Chabot » a prise lors de ce comité sècheresse. »
Communiqué de l’APRA « le Chabot » suite au comité départemental sècheresse du 20 juillet 2022