C’est un chantier spectaculaire qui s’est déroulé pendant deux journées au petit hameau de Senesse sur la commune de Mirepoix.
Un chantier de sciage préparé de longue date par les deux menuisiers du hameau Laurence Lamouroux et Sébastien Pyronnet. Constatant en fin d’année 2021, l’augmentation brutale du prix du chêne (soit une multiplication par 2 !) ils ont fait appel à Christophe Palma, exploitant forestier à Laroque d’Olmes pour qu’il leur fournisse du bois de qualité pour les années à venir.
Une scierie mobile pour utiliser du bois local en circuit court !
Christophe leur a alors réservé une coupe qu’il a acheté à Saverdun, chez un agriculteur Daniel Toulis, puis les a faits abattre par des bûcherons pendant l’hiver, les a fait débardés par un exploitant forestier, puis transporté les grumes énormes jusqu’au hameau de Senesse.
Au final, ce sont presque 30 mètres cubes de bois, principalement du chêne, mais aussi du frêne, et quelques merisiers qui vont servir à Laurence et Sébastien pour fabriquer portes fenêtres escaliers, etc. Le reste de la coupe est parti en bois de chauffage.
La scierie mobile de Orion Wijnen ne passe pas inaperçue : tractée par un énorme tracteur Valltra de 180 chevaux, elle ne fait pas moins de 11 m de long et peut scier des grumes jusqu’à 1m 10 de diamètre et 7.50 m voire 14 m de long avec la rallonge ! Elle fonctionne grâce à une génératrice attelée à la prise de force avant du tracteur.
Orion manipule les grumes comme des legos grâce à la grue, attelée à son Valltra, qui peut soulever jusqu’à 3 tonnes, les place très précisément sur le banc de scie, et ensuite, depuis son poste, commande la coupe de la scie à ruban à l’épaisseur choisie pour débiter planches et plateaux : On voit alors apparaître les teintes chaudes et les magnifiques veinures du bois ! L’art du scieur consiste à tirer le meilleur parti de la grume en fonction des besoins de son client…Les lourdes pièces sont ensuite éjectées sur le coté pour être récupérées sur un manitou qui les transporte au lieu de stockage face à la menuiserie.
Plusieurs amis sont là heureusement pour aider à manipuler ces planches et plateaux classées soigneusement par Laurence selon leur taille, leur épaisseur, leur destination…et séparées les unes des autres par une multitude de liteaux !
Le but est d’avoir de quoi fabriquer des escaliers, menuiseries et meubles pendant plusieurs années. Laurence estime que les bois seront secs et prêts à l’emploi dans 2 ans pour les moins épais, 5 ans pour les plus épais.
Travail éreintant sous un soleil de plomb ! Heureusement la convivialité est là pour réconforter les copains costauds qui suent sang et eau !
Orion va repartir ensuite sur d’autres chantiers : avec son frère Jan depuis leur QG de Gouzens près de Montesquieu Volvestre, ils rayonnent sur l’Ariège et la Haute Garonne au service des charpentiers, menuisiers, agriculteurs et autoconstructeurs avec leur scierie mobile « Winner »…
Cette initiative de circuit court pour le bois est rare mais exemplaire, et mérite d’être multipliée, elle permet de valoriser au mieux le bois local, elle fait appel à tous les métiers du bois, mais évite les intermédiaires pour arriver à produire des beaux meubles de qualité qui ne pillent pas la planète !
Cette initiative est dans la droite ligne des actions menées au sein de la Charte forestière des coteaux secs de Mirepoix menée par la communauté de communes du Pays de Mirepoix qui prône entre autres la valorisation des bois en local, l’amélioration et la desserte des bois privés.