Sorj Chalandon fait parti du paysage journalistique et littéraire de France. Journaliste à Libération, dont il est un des créateurs, il pointe également au Canard Enchainé. Ses articles en 1988 sur le procès Klaus Barbie (mais nous y reviendrons) et sur le conflit en Irlande du Nord lui ont valu le prix Albert-Londres. Quand même.
Par ailleurs il a écrit une multitude d’ouvrages du « Petit Bonzi » en 2005 à « Enfant de salaud » cette année, qui lui ont valu multiples prix littéraires. Gageons que ce dernier opus lui ouvrira peut-être les portes du prix qu’il n’a pas encore reçu : le Goncourt.
Enfant de salaud est l’histoire de l’auteur. Son histoire journalistique qui se frotte à son histoire personnelle. Quand le passé familial télescope l’histoire, quand le couvercle des secrets fini par se soulever, au détour d’une phrase, comme une libération.
Sorj Chalandon a couvert le procès de Barbie pour Libération et il lui en est resté une phrase qui résume à lui seul le procès : « Lorsque Jacques Vergès s’est levé pour plaider, il a été retenu par le glas. » qui renvoie à l’histoire de sa famille « … Ton père pendant la guerre, il était du mauvais côté. »
Difficiles suppositions, difficiles relations, difficiles révélations entre un père et son fils, qui construisent une vie. Sorj Chalandon à travers ces récits croisés de deux éléments jalonnant sa vie, nous détricote sa pensée et son cheminement dans sa relation à la vérité.
Une écriture millimétrée, des sentiments forts, des questionnements entiers, un dénouement symbolique, un livre qui va marquer la rentrée littéraire.
Par Dominique Mourlane,
libraire au Relais de Poche à Verniolle