Communiqué du Comité contre les OQTF
Le Comité contre les OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) en Ariège, qui regroupe des personnes et groupes solidaires avec les migrants, s’élève contre les nombreuses mesures d’assignation à résidence, de rétention et d’expulsion prises par la préfecture, en application d’une politique migratoire absurde et inhumaine.
Alors que les fantasmes d’une immigration invasive, contre laquelle il faudrait encore durcir le ton, prennent une place de plus en plus grande dans les discours politiques et officiels, nous appelons à soutenir toutes les personnes qui, en Ariège, sont victimes d’un durcissement sans précédent des conditions d’accueil et invitées à rejoindre manu militari les lieux de souffrance, d’angoisse, d’insécurité et de misère auxquels elles ont échappé, en prenant souvent les plus grands risques.
Pourtant, les gouvernements français successifs, dans les tractations internationales et sur le terrain, n’ont jamais cessé de prendre leur part dans l’évolution d’un monde qui jette les populations sur les routes avant de les bloquer dans des conditions indignes en Turquie, en Libye, à Lesbos, dans nos centres d’orientation, nos zones de rétention (où la situation des enfants, purement révoltante, est régulièrement dénoncée), dans nos prisons…
EN ARIÈGE, COMME AILLEURS, REFUSONS LE TRI DES MIGRANTS !
L’application a minima du droit d’asile (par l’OFPRA), qui consiste à trier les réfugiés selon des critères arbitraires et extrêmement sélectifs met aujourd’hui un nombre de plus en plus important de personnes dans des situations intolérables. La préfecture, qui a le pouvoir de régulariser leur situation et d’éviter ainsi des drames humains, fait le choix de ne pas entendre et déclenche à tour de bras des procédures de reconduite à la frontière.
Ainsi, Osman KEITA, compagnon d’Emmaüs à Lavelanet depuis deux ans et demi, en France depuis cinq ans, a reçu une OQTF. Le fait que sa région, au Mali, soit le théâtre d’opérations de groupes armés se livrant à des exactions ne constitue pas, pour les autorités, un risque pour lui en cas de retour. Et le fait que cette zone frontalière avec la Mauritanie soit dans le même temps formellement déconseillée aux voyageurs français pour les mêmes raisons par le ministère des Affaires étrangères (« zone rouge ») ne fait pas tiquer la préfecture !
Dans ce tri des migrants selon leur origine, la Géorgie est considérée comme pays « sûr » depuis 2013 par l’OFPRA, ce qui justifie que l’on puisse expulser Melano SHUBITIDZE et ses deux enfants de 15 et 3 ans, vers Tbilissi. Pourtant, selon l’OFPRA lui-même, le niveau des violences faites aux femmes en Géorgie est à l’origine de « graves préoccupations » (Nations unies). Ces violences, dans une société patriarcale où la tradition a bon dos, sont tues, faisant souvent l’objet d’une omerta de la part des proches des victimes, d’où la difficulté à obtenir des témoignages. Melano, en grande détresse depuis la mesure de reconduite à la frontière, n’a pu se résoudre à monter dans l’avion avec ses enfants, scolarisés en école maternelle et au collège de Lavelanet, ville où elle aussi a su tisser des liens. La famille vit quotidiennement dans une insécurité totale, craignant la rétention et l’expulsion.
Une famille albanaise avec trois enfants, scolarisés en maternelle, primaire et collège à Foix, en France depuis un an et demi, fait également l’objet d’une OQTF et doit passer au tribunal à Toulouse, aujourd’hui 4 novembre, pour tenter de faire annuler cette mesure. Si l’Albanie est aussi considérée comme un pays « sûr » par les autorités françaises, le retour y est pourtant inenvisageable pour la famille (menaces de mort, discriminations quotidiennes envers les Roms…).
La liste est longue, puisqu’elle comprendrait une centaine de cas…
Sans oublier les menaces sur Pierre Kilongo, congolais, installé avec ses trois enfants scolarisés depuis trois ans à Massat, pour lequel une mobilisation exemplaire des habitants et de divers soutiens a permis que le tribunal statue en faveur de l’annulation de l’OQTF.
EN ARIÈGE, COMME AILLEURS, NON AUX EXPULSIONS ! RÉSISTONS !
La famille SHUBITIDZE, Osman KEITA… et toutes les personnes dans leur situation, exposées aux mesures anti-migrants de rafle, de rétention, d’expulsion doivent pouvoir rester en Ariège !
Premiers signataires : Comité contre les OQTF en Ariège – Collectif Soutien réfugiés Ariège – Coordination Volvestre – Collectif Montbrun-Bocage – Comité de soutien Massat – Collectif Migrants Comminges – Michel LARIVE, député de la 2ecirconscription de l’Ariège – ATTAC09 – ACAT09 –Couserans-Palestine – Solidaires (Ariège, Comminges)…
APPEL à RASSEMBLEMENT
Soyons nombreux à nous réunir devant la préfecture de Foix ce vendredi 8 novembre à 10 h !